« Le Renard et la Cigogne » est la dix-huitième fable du premier recueil de Jean de La Fontaine, paru en 1668. Comme la plupart des textes de cette œuvre, elle s’inspire directement d’une saynète du poète grec de l’antiquité Esope, nommée « Du Renard et de la Cigogne », mais aussi de la même fable reprise par Phèdre, fabuliste latin qui vécut au tout début de notre ère. Le thème de la tromperie, et du trompeur trompé, est donc classique. Jean de La Fontaine introduit cependant deux différences d’importance. Il réécrit l’histoire en vers, tout d’abord. Outre l’élégance et la force littéraires ainsi conférées à la fable, la versification facilite la mémorisation du texte, appris par tant de générations d’enfants après le Dauphin de France, auquel le recueil est dédié. Ensuite, l’auteur présente la morale de manière originale. Tandis que ses prédécesseurs font parler la Cigogne, s’adressant au Renard - « Il faut savoir souffrir avec patience ce dont on a donné soi-même l'exemple », lit-on chez Phèdre - La Fontaine s’adresse directement aux hommes de son temps : « Trompeurs, c’est pour vous que j’écris : Attendez-vous à la pareille. »